L'objectif est de réduire suffisamment le nombre de fuites pour supprimer tout impact sur le saumon sauvage. Il s'agit là d'une priorité pour le secteur aquacole comme pour les autorités norvégiennes. D'importants moyens sont déployés pour trouver une solution et assurer un niveau de fuites aussi proche que possible de zéro.
En quoi la fuite des saumons pose-t-elle problème ?
Le saumon d'élevage de Norvège possède le même matériel génétique que le saumon sauvage qui vit le long de la côte et dans les rivières. Cependant, il est important d'éviter des répercussions négatives possibles sur les différentes populations sauvages si un saumon d'élevage échappé fraie avec un saumon sauvage. C'est principalement pour cette raison que la Norvège a investi massivement dans la prévention des fuites de saumon sur les 10-15 dernières années. De leur côté, les aquaculteurs doivent veiller quotidiennement à ce qu'il n'y ait aucune fuite, à aucun moment de la production. Un saumon échappé représente une perte financière pour l'aquaculteur et porte atteinte à sa réputation et à ses conditions de travail.
Quelles sont les raisons des fuites de saumon ?
Plusieurs raisons permettent d'expliquer les fuites de saumon. Le plus souvent, les fuites sont dues à des défaillances techniques, une mauvaise utilisation de l'équipement ou l’endommagement des filets par des bateaux ou des hélices. Des fortes tempêtes peuvent également causer des dommages aux installations et permettre aux poissons de fuguer. D'après la réglementation, les sites doivent pouvoir résister à des tempêtes « normales » pendant une période de 50 ans. Une norme technique complète a été élaborée en 2003 pour répondre à ces exigences. Les premières réglementations relatives à cette norme ont été mises en œuvre dès 2004, prévoyant un certain nombre de critères pour la certification des installations, ainsi que des inspections indépendantes des systèmes d'ancrage et des sites.
Le mauvais ajustement des drains de sortie a longtemps été la raison principale des fuites pour des installation à terre. En 2008, de nouvelles exigences ont imposé la double sécurisation des drains, permettant de réduire considérablement le nombre de fuites.
Quelles sont les solutions ?
Tous les sites aquacoles doivent surveiller leurs poissons et leurs installations quotidiennement. La Réglementation sur les exploitations aquacoles précise que les responsables de sites doivent posséder les connaissances requises pour prévenir, détecter et limiter les échappements de poisson. Cette réglementation prévoit également l'obligation pour les sites d'avoir un plan d'action à jour, avec une synthèse des mesures prévues pour détecter et limiter les fuites, ainsi que pour récupérer les poissons échappés. Pour minimiser le risque de fuites, les sites doivent procéder à une évaluation des risques, à partir de laquelle des mesures systématiques sont élaborées. Le maillage des filets doit être adapté à la taille des poissons de manière à empêcher leur fuite. Les filets doivent par ailleurs être vérifiés régulièrement, avant et pendant l'exploitation. En 2013, une nouvelle norme technique a été introduite pour les fermes aquacoles à terre avec diverses exigences en matière d'analyse des risques, de conception, de construction, d'exploitation, etc.
En 2015, une nouvelle réglementation a été créée, sur la responsabilité conjointe de la recapture des poissons échappés dans les rivières. Elle s'est accompagnée de la création de l'OURO (Association professionnelle aquacole pour les poissons échappés), chargée de sa mise en application. Cette réglementation détermine le nombre de saumons échappés dans la rivière à partir duquel des mesures doivent être prises. Le conseil d'administration de l'OURO conduit les évaluations et prend toutes les mesures nécessaires. L'adhésion des aquaculteurs à l'OURO est obligatoire. Les actions requises sont financées par la biais d'une contribution obligatoire, payable par les aquaculteurs. Ce système obligatoire vient remplacer les contributions volontaires du Fonds pour l'environnement (Miljøfondet) fondé et financé par le secteur de l'aquaculture depuis 2011. Ce Fonds pour l'environnement avait mis en place une série de mesures concernant plus de 100 rivières et dépensé près de 30 millions de couronnes norvégiennes (NOK) pendant les 4 à 5 années de son fonctionnement. Ce fonds finançait principalement la surveillance et la recapture des poissons échappés, et les projets de formation et de suivi des poissons.
D'autres mesures importantes permettant de prévenir la fuite des saumons :
- La formation et le partage de connaissances : depuis 2008, des sessions annuelles de formation sont organisées conjointement par le secteur, le gouvernement et des chercheurs. Ces formations sont très demandées et attirent un nombre élevé de participants.
- L'innovation et l'amélioration des installations.
- Assurer que les systèmes d'ancrage et les équipements sont adaptés aux sites, et que les différents composants sont compatibles entre eux.
- Élaboration des guides des meilleures pratiques.
- La mise en place par le secteur d'une commission publique sur la fuite des saumons, dans l'objectif de tirer des leçons des erreurs passées.
- Tirer les enseignements des accidents évités de justesse : des rapports, des échanges d'expérience et l'instauration de mesures préventives efficaces.
De plus amples recherches sont nécessaires pour clarifier l'impact des saumons échappés sur les saumons sauvages. Il est indéniable que toute activité a un impact, mais il importe de comprendre en quoi, et dans quelle mesure, la survie et l'évolution du saumon sauvage est affectée par la fuite du saumon d'élevage. De même, il est indispensable d'optimiser et d'harmoniser les méthodes de suivi des poissons échappés. Ces éléments permettront d'assurer la mise en place de mesures adaptées et efficaces.
Les statistiques publiques sur la fuite des saumons
Le signalement de toutes les fuites et suspicions de fuites est obligatoire. Les chiffres, publiés sur le site internet de la Direction des pêches, montrent une tendance à la baisse des fuites de saumons depuis le pic de 2006. Dans le même temps, les rapports concernant diverses rivières surveillées indiquent une nette tendance à la baisse. Cette évolution positive, survenue alors même que la production de saumon d'élevage est en pleine croissance, confirme l'efficacité des actions mises en place.
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